Saluté ! Aujourd’hui, je vais me la jouer sérieuse, car j’aborde le plus grand aspect de la dermatillomanie : l’aspect psychologique (c’est chiant et long à lire, larmoyant et p’tete culculapraline, mais c’est sincère. Puis je sais pas faire autrement pour parler d’un sujet aussi personnel, entre moi et moi même).
Bon. J’ai fini par consulter un psychiatre dans la période noire de ma vie déclenchée par une “simple” rupture amoureuse. Mon tci (trouble du contrôle des impulsions) de dermatillomanie avait atteint son paroxysme. J’ai enchaîné des crises intenses et défigurantes. Jamais le cercle n’avait été aussi vicieux. Tout y passait : points noirs, micro kystes, anciennes cicatrices, boutons rouges… J’étais incapable de sortir de chez moi avec un visage ravagé comme ça, impossible à camoufler. Je refusais qu’on regarde mon visage, mon mal être intérieur étant tellement trop visible sur ma peau. Je suis devenue agressive et irrassible avec mes proches. Même ma mère pleurait en voyant ce que je m’étais infligé, une fois que je sortais de la salle de bain après le démaquillage. Et ça me mettait ‘hors de moi’.
Pendant environ six mois, j’ai vécu un calvaire. Calvaire dont j’étais en partie responsable. Plus de vie sociale, impossible de trouver un job, plus de sorties, je n’ai pas vu le soleil de l’été, plus de contact extérieur, enfermée, emprisonnée, épuisée, vidée, éteinte. Plus de motivation, plus d’envies. En fait, j’ai arrêté de vivre, d’exister, je n’existais qu’au travers de la dermatillomanie et de mes séances de charcuteries quotidiennes.
J’étais en état physique et moral de laisser aller totale. Dans un état mortiphère. Torturée moralement par une multitudes d’émotions et de sentiments négatifs et contradictoires liés à une accumulation de choses pesantes, stressantes et douloureuses. Torturée physiquement par ces blessures, plaies, écorchures, surinfections et cette peau aussi lessivée que moi. Torturée émotionnellement par toutes ces choses enfermées en moi depuis bien trop longtemps. J’étais passive et impuissante face à la maladie, comme je ne l’avais jamais été auparavant. Désespérée pour la première fois de ma vie, je souffrais profondément pour des raisons personnelles suite à des traumatismes, souffrance démultipliée par l’enfer du tci et de ses répercutions physiques et morales.
Enfermée dans cette grosse déprime, ma vie quotidienne et surtout ma vie intérieure est devenue difficilement supportable et j’ai enfin admit et accepté le fait que je sois malade. Malade compulsive atteinte d’un trouble psychologique, symptôme d’un mal être généralisé. La question que j’ai fini par me poser une fois arrivée au summum de la maladie était très simple : est-ce que tu veux continuer à survivre comme ça encore longtemps, toute ta vie ? Est-ce que tu veux vivre en étant comme “morte” à l’intérieur, sans vie, sans envies ? Ou est-ce que tu veux vivre ? Librement, pleinement ? Te sentir exister et te sentir vivante ? En résumé : est-ce que tu veux vivre ou mourir ? Je ne voulais pas et je ne veux pas mourir ou survivre ou faire semblant de vivre. Mais je ne voulais pas vivre comme ça, dans la souffrance et la colère contre tout et surtout envers moi même.
J’ai donc pris rendez vous chez un psychiatre afin de me sortir de cette maladie qui gâchait ma vie, mon quotidien, ma joie, mon rapport à moi même et aux autres. J’y suis donc allée avec la fervente intention de tout faire pour me libérer de la dermatillomanie et de toutes ces autres choses qui me faisaient souffrir et polluaient ma vie de tous les jours et le moment présent. Il est selon moi et mon expérience personnelle, indispensable de faire cette première démarche et c’est la plus difficile à faire. C’est long, éprouvant mais nécessaire si vous voulez définitivement guérir. Un toc ou un tci est un trouble psychologique. Les causes sont donc par définition psychologiques. C’est là qu’il faut aller chercher. Les tocs et autres troubles ne sont que le symptôme de problèmes et mal êtres plus profonds, refoulés ou non, parfois minimisés par la personne qui en souffrent. Le trouble -et ses conséquences physiques et émotionnelles- devient par la suite une cause supplémentaire au mal être déjà préexistant. D’où le cercle vicieux.
Le travail sur soi et l’introspection sont des clefs. J’ai appris énormément sur moi et j’ai su verbaliser des choses que je n’avais jamais exprimé auparavant. J’ai découvert que j’avais des pensées et agissement inconscients liés à des événements passés ce qui m’a permis de comprendre d’où venait mes blocages, mes frustrations, ma colère, mes pensées négatives, mes doutes, mon manque de confiance et donc de commencer un travail sur moi même. Pour moi, ça a été très bénéfique. Après, le plus gros travail, c’est à vous de le faire, le professionnel est juste là pour vous amener à réfléchir sur tel ou tel point et vous aidez à rationaliser vos pensées auto destructrices. Il vous apporte un point de vu extérieur, ayant plus de recul et c’est enrichissant. Ensuite c’est à vous de décidez ou non de vous libérer de vos “tourments” en les acceptant d’abord, en essayant de les “sublimer” pour moins les subir et en reprenant le contrôle sur eux par un nouvel état d’esprit et un refus de vous laisser vous même et laisser votre vie être gouvernés de manière négative par tout ça.
Les causes principales les plus fréquentes chez les dermatillomaniacs sont :
– manque de confiance en soi – manque d’affirmation – sentiment d’impuissance – manque d’amour propre et d’estime – frustrations diverses – stress, angoisses – colère refoulée – culpabilité excessive – besoin excessif de contrôle – perfectionnisme – etc..
Dans mon cas, les principaux facteurs sont :
– manque de confiance – culpabilité inconsciente lié au père – comblement d’un manque – manque d’indulgence vis à vis de soi même et des autres – souffrance refoulée lié à un trauma – difficulté à verbaliser, manque de communication, non dits – colère inconsciente lié à la mère – refus de l’imperfection, de la faiblesse – frustrations diverses – sentiments d’impuissance face aux événements – difficultés à gérer les émotions et le stress – ressassements pensées, passé – pensées négatives, fausses croyances.
Pour moi, ça a été le commencement d’une guérison. Il était nécessaire que j’en passe par là et et je pense que toute personne qui souffre de ce trouble devrait mettre des “mots sur ses maux” comme on dit, les identifier, puis y trouver des solutions concrètes par un travail sur soi et une gymnastique mentale (pensées positives, rationalisation, objectivité, pardon, recentrement sur soi, dédramatisation, contrôle de son stress et ses émotions etc..). Je me suis sortie de cette très mauvaise passe de décomposition physique et psychologique à travers cette introspection et parce que je le voulais enfin sincèrement.
Puis par la suite, grâce / à cause d’un événement particulièrement personnel et éprouvant qui, paradoxalement, m’a aidé à réaliser beaucoup de choses et qui a, en quelque sorte, “rallumer” ce qui s’était éteind en moi ces derniers mois. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis dit que je ne méritais pas de subir ça, que j’étais quelqu’un de bien et que je méritais d’être heureuse et qu’il m’arrive de belles choses. Ce qui m’est tombé dessus était tellement extrême que ça m’a amené à regarder les choses plus objectivement et aussi à me regarder moi même plus objectivement. J’ai comme retrouvé le goût des choses et des plaisirs simples (et repris conscience de leur valeur précieuse), et surtout à les savourer et les ressentir (je les méritais et je ne voulais plus les ignorer et les rejeter par de fausses croyances et des pensées négatives, ou laisser le souvenir de quelqu’un ou d’un événement venir tout polluer). Comme si je me sentais revivre et reprendre du plaisir. Et ressentir à nouveau de l’apaisement (apparemment ce serait lié “au retour à la vie” après avoir frôlé la mort, on appelle ça le “syndrome du survivant” ou l’Après “expérience de la mort imminente” ).
By Peony Yip
J’aurai pu être envahie de colère, de rancoeur, de dégoût pour les autres, du dégoût et de la colère même pour moi même, de la culpabilité, du dégoût de la vie et sa triste réalité parfois, incapable de profiter de quoi que ce soit et de voir l’avenir et mon futur avec optimisme (dans tous les aspects de ma vie), et bien, étonnamment, non. C’était même tout le contraire, pour une multitude de raisons (de bonnes raisons), et je pense que le fait d’avoir déjà fait la démarche de m’en sortir, quelques semaines avant cet événement, avec l’état d’esprit qui l’accompagnait, m’a aidé à l’affronter (disons que c’est arrivé “au bon moment”, je pense que j’aurai sombré si ça m’était arrivé au moment où j’étais complètement vidée et désespérée par le tci et mes crises à répétition). D’où l’importance de consulter quelqu’un au plus tôt sans laisser traîner et de reconnaître qu’on y arrivera pas toute seul. On ne sait pas de quoi demain est fait, ça peut être le coup de massu imprévisible du jour au lendemain, ensuite c’est l’accumulation. C’est pourquoi il faut tenter de régler les choses au plus vite, dès le début, et ne pas attendre d’arriver au point de non retour et de craquage total, physique et émotionnel. Comme quoi, même des pires événements peuvent découler des choses positives et vous (ré)apporter du bon.
À tous(tes), soyez fort(e)s. Rien ne dure jamais éternellement. La situation difficile dans laquelle vous êtes est temporaire. La vie est bien faite et vous sous estimez vos capacités et votre force de caractère. De meilleurs jours arrivent. Il y a des milliers de petites et grandes raisons de vous relever et d’affronter la tempête, faites le au nom de toutes les petites choses et les grandes choses de la vie que vous aimez et que vous trouvez belles. Si vous ne les trouvez pas belles, cherchez leur beauté. Car elle est bien là, mais visible seulement pour ceux qui savent la voir et qui savent comment la regarder. Même au fond du désespoir, il y a des dons. Même les lieux les plus obscures vous apporterons un jour, leurs lumières insoupçonnées.
Avez vous déjà consulté un spécialiste ? Ça vous a apporté quelque chose ?